Re: [RP ouvert] La Taverne de Sancerre

par **Saralyne** Lun 24 Avr - 14:48

Laissant les deux clients discuter, Saralyne préparait la commande de Danath sur le plateau... Mais fût interrompu lorsque le tavernier de Bourges passa commande, à son tour, en s'installant au comptoir près d'elle.
En souriant, elle lui servît alors le verre de vin commandé et le posa devant lui, sur le zinc.

- Et bien, enchantée Monsieur Jamy. Moi c'est Saralyne.

Un hochement de tête, un sourire léger, et elle ajouta :

- C'est moi qui vous l'offre, un verre de vin de notre belle ville de Sancerre!

Sancerre était réputé pour ses vignobles d'exception. Aussi, clin d'oeil à l'appui, elle n'attendît pas son refus, ou même sa tentative, et repartît vers la cuisine pour saisir le plateau.
Ce dernier chargé sur l'avant bras, bien bloqué contre la poitrine, la canne dans l'autre main, il restait maintenant à ne rien faire tomber!

Doucement, rythmée par les tapotements de la canne sur le sol, elle finît par arriver à la table de l'intendant, malgré les difficultés.

- Je suis désolée de vous avoir fait attendre... Je fais vraiment mon possible...

Sourire confus, air gêné... Et maintenant, il fallait trouver comment poser la commande sur la table. Charger le plateau n'était pas le tout! Erf!

par Danath Mar 25 Avr - 8:47

Comme si de rien était, le vieil homme s'obligea à regarder par la fenêtre de la taverne, tout en entendant chacun des pas de la lente avancée de Saralyne...

Tombera...
Tombera pas...
Surtout ne pas me précipiter pour l'aider, au risque de la voir fâchée...
Pensait t'il en lui même.

Alors quand enfin elle arriva à la table où il était assis et qu'en plus elle s'excusa, le vieil homme ne put se retenir plus longtemps, et voulu l'aider en prenant l'encombrant plateau...
Tout en disant:

Oh ! Tout ça pour moi...?
Grand Merci Jeune Fi...

Mais sourire en même temps à la belle Saralyne , ce n'était pas une bonne idée !
Et là, ce fut le drame...

par **Saralyne** Mar 25 Avr - 9:22

Le portage de la commande, d'un seul bras, n'était guère chose aisée. Pourtant, armée de patience et d'une volonté de bien faire à toute épreuve, Saralyne était parvenue jusqu'à la tablée visée, sans renverser quoi que ce soit. Cela relevait du miracle!
En fait, la Dame en Rouge avait simplement envie de mener à bien sa tâche, de ne pas décevoir les espoirs que Louis Oscar avait placé en elle. Pour cette amitié là, que ne ferait elle pas...

Trop d'assurance, trop de joie d'avoir porté le plateau sans dommages ? Un peu d'inattention ? Les raisons pouvaient être diverses et variées mais toujours était il que...
Patatras!
Alors que Saralyne s'apprêtait à déposer la commande amenée avec une difficulté absolue et un déni de sa douleur et de sa gêne, la totalité de celle ci se retrouva à même le sol, ce parquet de bois qu'elle avait nettoyé, lui aussi, avec grande peine.

- C'est pas vrai...

Soupirant, à la fois déçue et énervée contre elle même, Saralyne se baissa, chiffon en main, avant de rattraper, un peu, les dégâts.

- Veuillez me pardonner Monsieur du Val de Bourg... Je retourne en cuisine vous chercher votre commande.

Il avait voulu l'aider et, malgré tout, la commande s'était retrouvée éparpillée au sol. La jeune femme commençait sérieusement à douter de ses compétences ainsi claudicante!
Se redressant, avec difficulté, en s'aidant de sa canne, la jeune femme chiffon sali en main, en tendît un autre, bien plus propre, à son client.

- J'espère ne pas vous avoir sali avec ma bêtise...

Honteuse et gênée, elle n'attendît pas qu'il prenne le chiffon et le posa sur la table, bien décidée à lui amener un autre plateau.
A présent, retour en cuisine... A son rythme boitillant!

par Danath Mar 25 Avr - 21:14

Se maudissant de son geste maladroit, qui au lieu d'aider la jeune femme, fit basculer le plateau, le vieil homme ne savait que dire...
Se confondre en excuses...?
Alors que Saralyne avait merveilleusement réussi et sans aide, ce parcours digne d'un périple...

Non, surtout ne vous excusez pas...
Tout est de ma faute...
Je pensais bien faire, connaissant maintenant un peu votre votre tempérament, en vous laissant venir seule...

Et en voulant vous aider, j'ai tout gâcher...

Il n'osa cependant ajouter qu'il fut distrait par son sourire...
Il avait déjà bien trop honte comme ça ...

Non laissez, oublions ma commande voulez vous, j'ai causé bien assez de dégâts comme ça déjà...

par **Saralyne** Mar 25 Avr - 22:07

La canne tapait sur le parquet alors qu'elle repartait, boitillant, vers les cuisines. Un vrai orchestre à elle seule! Malgré le bazar ambiant et sa maladresse évidente, Saralyne tenait à mener cette mission à bien. Elle l'avait promis à Louis Oscar et ne se dédierait pas de son serment. Elle y tenait, à cette promesse, aussi idiot que cela pouvait paraître.
S'arrêtant un instant dans sa "course folle", elle se retourna vers Danath.

- J'y tiens, je vous prie. Et puis... Vous n'avez rien gâché, c'est à moi de savoir anticiper, ou je ne ferais pas de vieux os ici!

A nouveau, elle lui sourît, avant de repartir, une bonne fois, vers les cuisines, avec sa démarche hésitante et aussi lente qu'un escargot atteint d'une "flemmagite" aigüe. Magnifique programme, n'est ce pas ?
Au bout de minutes interminables, enfin de retour en cuisine, elle jeta les restes ramassés comme elle le pouvait et entreprît de présenter un nouveau plateau, garni de biscuits et d'une infusion revigorante brûlante... Qui ne serait plus que tiède lorsqu'elle arriverait enfin, péniblement, jusqu'à son client.
Profonde inspiration, calage de plateau... Il fallait repartir maintenant. En piste!

par Danath Mer 26 Avr - 12:22

Qu'elle était émouvante, et tout en charme dans sa détresse...
Mais quelle tête de mule !

Il se leva alors, oubliant sa honte et ses hésitations, et de quelques pas rapides, l'attrapa en cuisine.

Il suffit Jeune Fille !
Même si j'admire votre courage et votre persévérance, c'est une fessée que vous méritez !

Et cette cheville, vous l'oubliez..?
Jamais elle ne se remettra, si vous continuez à la malmener en vous entêtant !

En voyant les différentes expressions défiler sur ce beau visage, il faillit fondre, puis se ressaisit..
Après tout, elle aurait pu être sa fille.
Et les gens qu'on apprécie, il faut savoir les recadrer parfois .

Gérer cette Taverne, c'est tout à votre honneur de vous y atteler, mais ce n'est pas à vous de nettoyer le sol, ni de faire le service !
Tous ces employés mis à votre disposition, c'est pas pour faire joli hein !

Utilisez donc votre tempérament à bon escient !

Puis voyant le plateau déjà prêt, il le prit entre ses mains, et dit sur un ton qui se voulait ferme.
On va la boire cette infusion et savourer votre pâtisserie..?

Et d'un regard implorant adressé à la jeune femme, il s'excusait déjà d'avoir osé hausser le ton...

par **Saralyne** Mer 26 Avr - 14:24

Clignements d'une paire d'yeux interloqués... Que venait il de se passer là, sous ses yeux ? Le père de Louis Oscar venait il de la réprimander comme une enfant ? Vraiment ?! La jeune femme en était tellement abasourdie qu'elle ne pût même pas répliquer. Le plateau lui fût retiré des mains, sans autre forme de procès, avec une fermeté déconcertante. Il ne manquait plus qu'une mise au piquet à ce rythme!

Sans voix, elle se laissa donc faire, toute surprise qu'elle était... Avant de, lentement, préparer une seconde infusion.

- Tout ce que client veut...

"Client a" ? Après tout, il voulait juste partager une infusion avec elle. Saralyne en était flattée, enchantée même! Mais elle devait aussi faire tourner la taverne.
D'accord, du personnel était à sa disposition... Mais il était inconcevable, pour elle, de ne pas savoir se débrouiller seule. Fichu caractère!
En même temps, si elle n'était pas ainsi, que serait elle devenue à présent ? Les misères de la vie l'auraient dévorée, à petit feu, si elle ne s'était pas battue avec la rage qu'elle possédait en elle.

- Inutile de hausser la voix vous savez... Je ne suis plus une enfant.

Et toc! Sourire taquine sur les lèvres, tout de même, la Dame en Rouge faisait entendre son désaccord par une petite boutade sans prétention.
Posant son bol sur le plateau que Danath tenait, elle ouvrît alors la marche, en se reposant sur sa canne et sans avoir de poids à porter.

- Et ne le faites pas tomber... Cette fois.

Et hop, rebelote! Elle lui envoyait pique sur pique, à sa façon, sans perdre son franc sourire. La jeune femme n'avait pas accepté de prendre l'aide offerte... Hormis celle de l'Intendant puisqu'il était venu à elle, spontanément.
Direction la table de Danath alors...

par Danath Jeu 27 Avr - 18:23

Le vieil homme rayonnait, même s'il faisait de son mieux pour ne point le montrer.
Le plateau dans ses mains, il attendait que la seconde infusion y soit déposée.
Puis il reprit la direction de sa table, où quelques vestiges au sol, lui rappelèrent sa faute...
Mais si tel était le prix à payer pour faire entendre raison à cette entêtée, il ferait face !

D'autant qu'il appréciait vraiment son tempérament hors du commun, digne d'une Reine ...!
Tant de fierté pour tenter de camoufler ses quelques faiblesses, passagères qui plus est !
Mais qui risquaient fort de lui porter préjudice à vie...

Et tandis que Saralyne peinait à chaque pas, en prenant appui sur sa canne pour rejoindre la table, il lança :
L'infusion va finir par refroidir, Jeune Fille !
Alors que son cœur se serrait, tant il avait mal pour elle....

par **Saralyne** Jeu 27 Avr - 22:09

Il était impossible! Si elle le pouvait, elle pesterait! Mais, toute heureuse de pouvoir partager un peu de temps en bonne compagnie, Saralyne se garda bien de laisser paraître son mauvais caractère et se contenta de sourire à sa pique, tempêtant intérieurement contre cette cheville abîmée qui ne cessait de lui créer bien des soucis!

- Patience, patience... Tout vient à point à qui sait attendre!

Un sourire vissé sur les lèvres, la jeune femme avançait, à son rythme, penchant lourdement sur le côté de sa canne. La fatigue de la taverne aidant... Cela n'arrangeait guère son état et n'aidait pas du tout au repos!

Arrivée, enfin!, à la table, son regard s'arrêta, à son tour, sur les résidus de la défunte commande encore au sol. Elle soupira.

- Que penserait votre fils s'il voyait la taverne ainsi tenue...

Pour les beaux yeux de Louis-Oscar, la Dame en Rouge avait accepté de remplacer la jeune Bilithys au pied - le valide évidemment - levé. Et justement ses yeux... Son esprit y songeant, un frisson la parcourût, quasi imperceptible, et un léger teint rosé naquît sur ses joues.
Subitement silencieuse, elle préféra s'asseoir pour ne pas amorcer plus à même ce débat et changer de sujet, subrepticement.

- Je compte sur vous pour me donner un avis objectif sur mes biscuits. Il y a bien longtemps que je n'ai cuisiné pour autrui...

Et là, le souvenir de Déodat remonta à son tour dans son esprit, voilant son regard de cet air triste qu'elle arborait si souvent.
De la joie à la peine, en une fraction de secondes...

par Danath Ven 28 Avr - 18:54

Le plateau déposé sur la table, Le vieil homme tira une chaise, invitant la Belle entêtée à prendre place, puis s'installa à son tour.
Un sourire qu'il avait du mal à dissimuler, d'être arrivé cette fois à la faire assoir, il répondit assez fier de lui:
Sans hésitation, je peux vous affirmer que Lo serait ravi de vous voir assise avec moi, à savourer une infusion et reposer votre pied !

Comme je vous l'ai déjà dit, le ménage ce n'est point à vous qu'il revient.
Vos employés vont s'ennuyer par contre si vous ne leur donnez rien à faire !
Distribuez les consignes et les tâches, ça c'est de votre ressort !
Vous êtes Maître à bord !
De même que recevoir les clients, les conseiller, les aiguiller aussi, et le tout agrémenté de votre magnifique sourire!

Puis, il se tut, trop attiré qu'il était par le biscuit qui embaumait, et il ne tarda pas à lui faire honneur en croquant dedans, avec les dents qui lui restaient.
Oubliant alors tout ce qui n'était plus ce biscuit dont il se délectait en fermant presque ses yeux, Danath dit finalement:

Hum...un régal...!
Puis il mordit encore dans ce moelleux incomparable, gourmand qu'il était, avant de pouvoir poursuivre...

Mais quel est donc cette saveur si particulière, que je n'arrive pas à identifier..?
Il faudrait livrer votre secret à Rosalie, parce que sa pâtisserie, n'a jamais été aussi délicieuse...!

Et il engouffra la dernière bouchée, fermant à nouveau à demi ses yeux...
Tant il se régalait.

par **Saralyne** Ven 28 Avr - 22:47

A l'évocation de Louis-Oscar, le regard de la brune se teinta, une nouvelle fois, d'une bien étrange lueur, mêlée de malice et de gêne à la fois. Entre Déodat et lui, il y avait un véritable fossé, tant ils étaient différents! Mais, chacun à leur façon, ils touchaient - ou avaient touché - le coeur de la Dame en Rouge.
Aussi, toute perturbée par cette sensation confuse et inattendue, elle se contenta d'en sourire et de repasser une mèche rebelle derrière son oreille, sans chercher à répliquer quoi que ce soit face aux "recommandations" de l'Intendant aux Finances. Il avait raison, elle l'admettait... Et ne cherchait pas, pour une fois, à protester en retour. Il y avait bien du progrès chez la jeune femme, pas vrai ?!

Son sourire ne pût que s'amplifier devant le faciès heureux et gourmand de Danath. Elle qui n'avait plus vraiment l'occasion d'user de ses talents de cuisinière pour contenter son entourage... Elle avait visiblement mis dans le mille!

- Confier mon secret ? Oh non... Jamais! Sinon, je n'aurais plus le plaisir de vous voir pousser la porte, juste pour y goûter.

Taquine, elle se mît à rire doucement. Ce n'était pas un drame si elle éventait ce "secret" et le donnerait sans doute de bonne grâce à la besogneuse Rosalie. Mais, lui donner des conseils sur sa cuisine était aussi un risque qu'elle le prenne comme un affront. Et, vu la carrure... Saralyne n'avait pas trop envie de l'énerver, loin s'en faut!

- Enfin, plus sérieusement, si vous le souhaitez, je vous le donnerais. Ainsi, vous pourrez lui transmettre, je doute de la revoir de sitôt.

Etant donné les liens qui unissaient Danath et Louis-Oscar, il devait très certainement être informé de la remise en état de sa boutique par l'imposante femme qu'était Rosalie. Mais cette "intrusion" n'étant que temporaire, elle n'aurait aucun moyen de lui délivrer l'information. Si ce n'est en la transmettant par le quémandeur lui même!
Un fin sourire étira de nouveau ses lèvres. Impossible de se sentir triste devant un tel visage bienheureux!

- En attendant, vous repartirez avec quelques biscuits... Histoire de pouvoir en profiter, plus tranquillement, chez vous.

En connaissant un peu plus Danath, Saralyne semblait désormais comprendre d'où Louis-Oscar tenait ses qualités et atouts. Même s'il n'était que son père adoptif, il lui avait transmis certaines choses... Qui n'avaient rien à voir avec les liens du sang.

par Danath Sam 29 Avr - 16:06

Le vieil homme ne pouvait que sourire en écoutant la jeune femme défendre farouchement son secret.
Alors quand finalement elle proposa de lui transmettre, il en fut touché, mais s'empressa de refuser, après avoir essuyé les quelques miettes qui s'attardaient aux coins de ses lèvres.

Oh que non Jeune Fille !
et vous avez bien raison de taire un tel secret !
Vous voilà à mes yeux plus précieuse encore !
quoi que le terme exact serait ...
Unique !
Rectifia t'il après avoir mûrement réfléchit.

Et il repensa à cette histoire qui parlait d'une rose..
Une rose qui ressemblait pourtant à toutes les roses, mais qui était Unique au cœur d'un petit Prince, un peu perdu et tellement mélancolique...
Cette rose un brin prétentieuse, mais tellement émouvante qui brandissait ses épines pour se protéger de tous les dangers, et écorchait au passage le cœur bien trop tendre du jeune Prince...

Et quand Saralyne lui annonça qu'il repartirai avec quelques uns de ses délicieux biscuits, il rit :
Voilà bien un argument auquel je ne trouverai à y redire hein !
Lança t'il joyeusement.

C'est vrai que l'heure avançait, et que son Ouvrage l’attendait...

Grand merci encore Dame, et belle journée !
N'oubliez pas de veiller à cette cheville hein !

Il s'inclina alors d'une parfaite révérence avant de quitter le Taverne, avec dans sa main, les biscuits soigneusement emballés.

par **Saralyne** Sam 29 Avr - 16:21

Les instants partagés avec l'Intendant aux Finances furent des plus rafraîchissants et relaxants. Requinquée par leur discussion, Saralyne, une fois qu'il fut parti armé de ses biscuits, prît la décision de reprendre la taverne en main. Réellement et pour de bon!

Exit de tout prendre sur elle. Maintenant, elle allait déléguer! Et c'est ce qu'elle fît, dès lors, d'une main de maître avec les employés silencieux et quasi endormis. Sous sa houlette, jamais les lieux n'auront été plus propres et plus avenants.

Oubliés aussi les résidus malencontreux sur le plancher. Puisqu'elle pourrait se reposer, depuis l'arrière du comptoir, sa cheville ne s'en porterait que mieux.

Bientôt, la canne ne serait plus qu'un malheureux souvenir. Il serait temps!
La taverne, vidée de ses clients, n'attendaient que les prochains....

par **LouiseLamotte** Dim 30 Avr - 20:28

Dimanche 30 Avril 1657, en début de soirée.

Dernier jour. Je vivais mon dernier jour de femme libre. Et plus l'heure approchait, plus mon estomac se tordait.

Je n'avais encore jamais été à la nouvelle taverne de Sancerre, c'était l'occasion. J'échappais donc à la vigilance de ma famille pour me réfugier ici. Depuis le matin, on ne me laissait jamais seule. Comme s'ils avaient tous peur que je m'échappe. Bon, tout le monde savait que c'était une éventualité. Mais ce n'était pas en m'étouffant, qu'on arrangerait les choses.

Ce mariage, je l'avais organisé. J'avais passé la journée dans les bois à ramasser le muguet avec les autres. Je donnais des ordres, de ci, de là... Et pourtant, jamais je n'avais été si peu sûre de moi.

J'étais difficile à comprendre. Personne ne m'avait forcé à me marier. J'avais accepté de mon propre chef et je n'avais aucun doute quant à l'homme à qui j'allais unir ma vie... Mais, c'était si dur de franchir ce pas.

J'avais besoin de quelques minutes, seule, de me poser, et de souffler un bon coup. Et surtout, de boire un bon verre. Un truc assez fort.

J'entre donc dans la taverne, et m'installe à une table. Plutôt, je me laisse tomber sur une des chaises comme si tout le poids du monde était sur mes épaules.

par **Saralyne** Lun 1 Mai - 14:12

Ce soir là, la taverne était assez vide. La saison avançant, les frimas de l'hiver bien dépassés, les gens en profitaient sans doute pour profiter de moments bien agréables à l'extérieur. Et donc, forcément, se réfugier dans une taverne n'étaient pas vraiment de ces activités là. Trop de murs, pas assez d'air!
Les jours avaient passé, aussi, pour Saralyne, dont la cheville, malgré le manque de repos évident, s'était peu à peu rétablie. Elle ne serait pas prête à s'élancer de nouveau sur une piste de danse, comme lors du Bal de Printemps, mais, au moins, elle marchait désormais sans sa canne. La prudence était donc toujours de mise avec sa cheville fragilisée.

Assise derrière le comptoir, rêvassant un peu, elle sursauta en entendant la porte s'ouvrir. Se redressant rapidement, pour ne pas montrer qu'elle était inactive, elle s'évertua à passer un coup de chiffon sur ledit comptoir, avant de s'avancer, sourire vissé aux lèvres, vers la jeune femme qui venait d'entrer. A sa manière de se comporter, une âme en peine serait plus juste! Mais bon, il fallait l'avouer, bien souvent, les gens entrant dans les tavernes possédaient des pensées à oublier, dans le vin... Et l'alcool en règle général!

Ainsi, remisant ses propres songes au placard, la Dame en Rouge, vêtue de son tablier, s'approcha donc et s'adressa à elle, de manière polie et avenante.

- Bien le bonsoir Madame! Que puis je donc vous servir ?

S'essuyant les mains sur le chiffon qu'elle tenait encore, elle l'accrocha à son tablier en attendant la commande. Il lui semblait inutile de se présenter à nouveau. Désormais, elle était connue comme étant la tavernière de Sancerre, sans avoir eu besoin de se faire de la publicité. Les rumeurs et nominations se dispersaient toujours si rapidement d'une oreille à l'autre!

par **LouiseLamotte** Lun 1 Mai - 15:41

Rapidement, la tavernière s’approche de moi. Saralyne. Son nom avait été cité sur les annonces du Gouverneur. De plus, je la reconnaissais. C’était celle que j’avais ignoré lors du Bal du Printemps, qui était assise sur la chaise lorsque j’avais sauté au cou de mon frère.

Mais mon esprit est loin de se préoccuper de cela aujourd’hui. Il n’a qu’une obsession, le mariage... Mon mariage. Demain... Je n’ai pas encore bu une goutte d’alcool et je crois que je vais vomir tant mon estomac est chamboulé.

Je lève enfin le regard vers la tavernière :

- Bonsoir !

Je jette un oeil vers le comptoir, avant d’ajouter :

- Avez-vous de l’alcool ? Genre, un truc bien fort qui pendant quelques instants me ferait tout oublier. Mais je ne veux pas non plus être saoule...

Manquerait plus que j’ai la gueule de bois pour demain, ça ne le ferait pas !

- Je ne sais pas si ce que je demande est possible...

par **Saralyne** Lun 1 Mai - 16:14

Debout près de la table, Saralyne attendait la commande de la pauvre âme échouée là, tel un coquillage après le reflux de la marée, sur la plage. Ce ne fut que lorsqu'elle redressa la tête que son visage lui rappela quelques bribes de souvenirs... Le bal!
Il s'agissait de la violoniste, si ses souvenirs s'avéraient exacts. Mais que faisait une virtuose pareille dans un tripot ? Surtout à cette heure là ?!
Et cette pâleur sur son visage... Non, vraiment cela n'inaugurait rien de bon.

Bon, la Dame en Rouge n'était pas experte en psychologie de comptoir et encore moins pour remonter le moral. Mais ce qui lui semblait clair c'était que servir de l'alcool à cette demoiselle ne serait pas très avisé, loin s'en faut.
Il lui faudrait alors ruser... Et vite. Trouver une parade, n'importe laquelle.

- Je suis navrée... Nous sommes à court d'alcool. Demain, sans faute, nous serons ravitaillés. Mais pour l'heure...

Feignant un air contrit et confus, la tavernière esquissa un léger sourire poli, en guise d'excuses. C'était un mensonge éhonté... Mais tant pis! Après tout, elle était maîtresse à bord non ? Elle avait le droit de refuser le service en certaines circonstances... Pas vrai ?
C'était aussi à ses risques et périls d'agir ainsi. Mais tant pis... Même si cela revenait aux oreilles de Louis-Oscar, elle parviendrait à s'expliquer et à lui faire entendre raison. La brune n'était jamais à court d'arguments!

- Puis je vous proposer tout autre chose ? A manger peut être ? Vu votre teint, je pense que cela vous ferait grand bien...

Elle "pensait"... Elle allait se faire envoyer sur les roses oui! Mais bon... Peut être que la demoiselle se montrerait docile et raisonnable ? L'espoir fait vivre!

par **LouiseLamotte** Lun 1 Mai - 17:24

Pas d’alcool ? J’haussais un sourcil. Comment une taverne pouvait-elle ne pas avoir d’alcool ? Je ne demandais pas une bouteille entière mais au moins un verre. J’examinais le visage de la tavernière. Mon intuition et mon expérience de Maréchal des Logis me faisait penser qu’elle mentait. Mais je n’étais pas là pour me disputer alors je répondis un simple :

- C’est bien dommage, tant pis...

J’aurais pu me lever et partir. Mais l’idée de regagner Le Carroy Maréchaux, avec Ambre, Noah, Augustin qui allaient me coller comme des abeilles sur du miel, ne m’enchantait pas d’avantage. Quoi que, je m’attendais bien à en voir débarquer un, tôt ou tard, essoufflé et paniqué parce que j’aurais « disparu ».

- Je ne sais pas si mon estomac pourra supporter quoi que ce soit à manger.

Je m’enfonçais un peu plus sur ma chaise, avant d’ajouter :

- Demain, je dois me marier.

Et en le disant, je pense qu’elle n’en avait sans doute, et à juste titre, rien à secouer de mon mariage. La seule chose qu’elle pourrait penser, c’est que ça me réjouissait autant que si on m’annoncer qu’on allait m’arracher une jambe.

Tient, c’était une idée ça ! Je pourrais me blesser. Un accident est vite arrivé ! Et malheureusement, je ne pourrais pas me rendre au mariage, vu que je serais alitée. Une attaque ? On pourrait m’attaquer et me planter avec une arme !

Je secouais la tête pour chasser mes propres pensées ! Comme si je n’étais pas capable de me battre contre quelqu’un et de me défendre ! Ce mariage me rendait stupide !

- Servez-moi ce que vous voulez...

par **Saralyne** Lun 1 Mai - 22:35

Le mariage...
Lorsque, d'une mine toute défraîchie d'une vieille fille qu'on traîne à l’échafaud, Louise évoqua la cérémonie qui l'attendait le lendemain, la tavernière perdît, instantanément, son sourire. Elle n'était pas vraiment "la" personne à qui il fallait confier ses doutes en la matière, sous peine de ressortir d'une conversation avec bien plus de doutes encore!
C'était elle qui, quelques mois plus tôt, avait fui son Berrichon transi d'amour pour éviter toute officialisation de leur liaison. C'était aussi elle qui, de retour d'entre les morts, n'avait, alors, pas pleuré son défunt époux et vu son veuvage comme une libération.
Saralyne n'était vraiment pas une femme commune. Elle possédait un caractère et des réactions toutes particulières, désarçonnant chaque fois ses interlocuteurs.
Et ce soir là, malheureusement, ne ferait sans doute pas exception.

Perdant son sourire, elle soupira et, lentement, s'appuya fermement sur une des chaises pour dévisager la jeune femme. Bien plus jeune qu'elle, c'était certain! L'innocence, la peur de l'avenir et tout ça ? C'était bien possible. Mais, quand même... Ce n'était, de toute façon, pas des engagements à prendre à la légère.

- Le mariage... Sacré engagement.

Léger sourire en coin, loin d'être ironique. Il ressemblait plutôt une petite moue compréhensive.

- Est il si terrible pour que vous fassiez une tête d'enterrement ?

Le futur marié, bien évidemment. Jusque là, Saralyne tentait d'éviter ses propres convictions, dures et réalistes sur la vie de couple et le mariage en général. Auprès de Jean, elle s'était retrouvée malheureuse comme les pierres... Pas auprès de Déodat certes mais il n'y pas eu d'engagement. Et vu comment avait fini son union à lui... La Dame en Rouge avait bien fini par se forger l'opinion que les mariages rendaient, forcément, malheureux...

par **LouiseLamotte** Lun 1 Mai - 23:13

A voir la tête de Saralyne, parler mariage ne l'enchantait pas vraiment. Je pensais une nouvelle fois que je devrais me lever et la laisser passer le reste de sa soirée tranquille. Mais c'était comme si j'étais vissée sur la chaise.

Elle s'appuya sur la chaise et me fixa tout en déclarant que le mariage était un sacré engagement. Ça, je le savais. Pour avoir été le cobaye de ma soeur durant des années, je connaissais les règles du mariage presque autant qu'un Curé.

Je soupirais à mon tour :

- Oui... En effet...

Puis, son questionnement sur mon fiancé me fit sourire. Je secouais la tête, négativement :

- Non, même pas. Mon fiancé a tout de l'homme idéal. Il est beau, adorable, fou amoureux, attentionné, tendre, patient... Bref, le rêve sans doute pour toute femme. J'ai énormément de chance de l'avoir dans ma vie. Je n’ai rien à lui reprocher vraiment... Et je suis amoureuse de lui.

Je levais la tête au plafond, le regard perdu un instant :

- Mais le mariage quoi... Se lier pour l'éternité à la même personne. Se jurer tout plein de choses devant un Très-Haut dont je doute même de l'existence. Puis, je suis terrorisée à l'idée qu'il finisse par tomber amoureux d'une autre et qu'il me quitte, malgré notre lien. C'est toujours comme ça que mes relations précédentes ont finie... Une autre femme et un bébé et pouf ! Louise oubliée ! Rayée !

Bon, ce n'était pas totalement vrai. Noah était déjà marié lorsqu’ils avaient eu leur liaison :

- Et moi, des bébés, je ne pourrais jamais lui en donner. Alors pourquoi il m'épouse ? Et pourquoi j'ai dit oui ? Je ne suis pas une femme à marier ! Moi j'aime les plaisirs de la vie... J'ai horreur de faire la cuisine, la couture, le ménage ! Je vous le dis, si y'a bien une femme qui n'est pas bonne à marier en Berry, c'est moi !

Pourquoi j'étais en train de raconter tout ça à une inconnue ? Je regardais Saralyne, affichant un visage désolé.

- Excusez-moi, vous êtes là tranquille, et moi je viens vous étaler ma vie alors que vous vous en fichez royalement...

En réalité, je venais de réaliser que la chose qui me faisait le plus peur dans l'idée du mariage,
c'est la peur de souffrir à nouveau, encore plus fort car le lien sera plus grand.

par **Saralyne** Mar 2 Mai - 11:09

En l'écoutant exposer les multiples craintes concernant son mariage, Saralyne ne pût que sourire, malgré tout, à ces évocations là. Ah, la jeunesse, l'innocence... Une fois confronté à l'engagement, à la lourdeur d'un lien qui entravait jusqu'à la mort, toute la légèreté et la beauté de la vie semblait s'oublier, en un instant.
Pendant un court moment, elle eût l'impression de se revoir, quelques mois plus tôt, alors qu'elle fuyait le Berry et toute possibilité d'union. Elle aussi, elle avait eu peur et pensait juste prendre un peu de recul, le temps d'accepter, de digérer, et de s'habituer à l'éventualité d'une vie à deux, rangée et heureuse. Sauf qu'à son retour...
A cette pensée, la tavernière réprima un frisson et, pour ne pas effrayer davantage la future mariée, elle tînt un discours totalement à l'inverse de ses propres convictions.

- Alors ne le laissez pas filer. S'il vous a choisi, au point de demander votre main, c'est qu'il trouve, en vous, ce qu'il recherchait. Ne vous posez pas de questions absurdes auxquelles vous ne trouverez jamais de réponses. La fuite n'est pas une solution. Il faut affronter la vie et saisir ce qu'elle peut vous offrir de plus beau.

Ah, qu'elle aurait aimé qu'on lui tienne ce genre de propos avant qu'elle ne fuie! Peut être que, si elle était restée, Déodat serait toujours en vie... Ou pas. Mais, au moins, ils auraient pu vivre heureux, à deux, ne serait ce que quelques mois.
Désormais, elle était condamnée à la solitude. Plus jamais elle ne se lierait à qui que ce soit. A chaque fois qu'elle approchait une personne d'un peu trop près, la mort les attendait au tournant.
Jean... Puis Déodat. Peut être devrait elle se résoudre à ne plus écouter son coeur ? Et pourtant, il y en avait des sentiments à l'intérieur! Beaucoup trop même...

par **LouiseLamotte** Mar 2 Mai - 20:55

Je regarde la tavernière, demeurant un instant silencieuse.

Je sais qu'elle a raison. Je le sais pertinemment. Augustin est le seul a me donner autant d'amour. Dans ses bras, j'ai l'impression d'être la chose la plus précieuse au monde.
Je n'avais jamais ressenti ça. Jamais aussi fort. Sans doute parce que les autres ne m'avaient pas aimé autant que moi j'ai pu les aimer. Cela se comprenait aisément à la manière dont ils m'avaient rayé de leur vie amoureuse. Sauf que moi, j'avais mis un temps fou à le réaliser.

- Vous semblez vous y connaitre pour tenir un tel discours...

Ne pas me poser des questions... Facile à dire. Je vouais ma vie à me poser des questions ! Mais je devrais sans doute suivre son conseil. Au moins pour ce soir et demain.

- Merci de m'encourager à ne pas fuir ! Je crois que ma famille à un peu peur que je n'arrive jamais devant l'autel !

Je souris, puis je me lève :

- Je vais aller les retrouver avant qu'ils n'envoient tous les Gardes de Sancerre à mes trousses. Merci encore !

par **Saralyne** Mar 2 Mai - 23:02

Si elle s'y connaissait ? Si elle savait... Mais il était hors de question, pour Saralyne, de se confier ainsi sur sa vie. Pas tant vis à vis du fait qu'elle soit une inconnue pour elle. C'était plutôt... Parce qu'elle n'aimait pas ça. L'ancienne couturière ne savait jamais comment s'y prendre dans les relations sociales du moment où cela devenait plus "intime et privé. Rares étaient les privilégiés. Plus rares encore ceux qui pouvaient se dire capables de la comprendre.
Bref. Peu importait, ce n'était pas le sujet.

En la voyant se lever, visiblement requinquée, ne serait ce qu'un peu, la tavernière esquissa un sourire qui se voulait rassurant, même si le coeur n'y était pas vraiment, tant les souvenirs revenaient la hanter, brusquement.

- Tous mes voeux de bonheur à vous deux... Courage Mademoiselle.

Un léger hochement de tête et elle la vît s'éloigner. L'amour existait encore... Mais à quel prix ?
S'enfonçant de nouveau dans ses pensées, Saralyne repartît derrière son comptoir et reprît le nettoyage où elle l'avait laissé. Malgré les conseils de Danath, elle aimait effectuer la plupart des tâches par elle même. C'était ainsi, elle ne pourrait totalement s'assagir!

par Invité Jeu 4 Mai - 22:49

N'étant pas de nature à se prendre la tête pour quoique ce soit, Helphie ne fut pas surprise lorsqu'elle arriva dans cette ville nommée Sancerre.
Toujours aussi rêveuse et autant sinon plus imaginative que sa mère, elle voyageait toujours dans son petit monde peuplé de fées, d'elfes et autres créatures fantastiques et malgré qu'on lui ai souvent dit que tout ceci n'était que balivernes, elle en démordait pas et elle était persuadée qu'avec un peu de patience et beaucoup de chance il serait alors possible que tout ceci soit bel et bien réel mais pour l'instant, ce qui la préoccupait le plus était son ventre qui n’arrêtait pas de gargouillé.
C'est après avoir chercher longuement l'endroit idéal pour assouvir sa petite faim qu'Helphie repéra la taverne et, d'un pas presque dansant elle s'y rendit et osât poussée la porte.

Bien le bonjour ! Dit elle gaiement une fois à l’intérieur.

Puis se rapprochant du comptoir.

Excusez moi mais, venant juste d'arrivée en ville, serait il possible d'avoir de quoi me restaurer?

Souriante et un peu ailleurs, Helphie attendit que le gérant des lieux vienne prendre éventuellement sa commande.

par **Saralyne** Ven 5 Mai - 14:30

Affairée à nettoyer les verres derrière son comptoir, après une journée de travail bien menée, Saralyne eût la surprise de voir débarquer une tête complètement inconnue. Vu la couleur flamboyante de ses cheveux, elle n'aurait pas pu l'oublier si elles s'étaient déjà rencontrées.

- Bonsoir Mademoiselle!

Posant son chiffon, elle vît la demoiselle s'approcher du comptoir.

- Et bien, installez vous, il doit me rester de la soupe aux choux en cuisine... Cela vous conviendra ?

Du surplus de sa propre production! Aussi, plutôt que de la jeter aux cochons, Saralyne préférait la ramener en taverne afin de faire profiter ses clients de ses talents de cuisinière.
Ce n'était pas grand chose mais c'était mieux que rien!
Et puis, en taverne, c'était surtout les boissons qu'elle vendait et les locations de chambres à l'étage qui générait des revenus.

D'un grand sourire, elle l'invita donc à s'asseoir, afin qu'elle puisse la servir.

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