[RP] Hôtel particulier de Bengy

Victoria a écrit:

5 décembre 1656

Il n'y avait pas eu d'occasion de se revoir après son enlèvement, pas plus qu'après la nomination de Madalena. Aussi en ce début d'après-midi, profitant d'un moment pour elle seule, loin du Palais et de son agitation, Victoria se décida-t-elle à rendre visite à son amie. Elle avait tant à lui dire !

Escortée de ses quatre cerbères, son fiacre marque l'arrêt dans la cour joliment ornée d'une fontaine à la sculpture finement ouvragée. Victoria prend le temps d'admirer la riche bâtisse qu'elle ne connaissait pas. Puis enfin, elle se décide à quitter le confort relatif de sa voiture pour s'avancer jusqu'au perron. Elle n'a aucune certitude quant à la présence de Madalena dans sa demeure. Elle arrive un peu comme le cheveu sur la soupe. Comme à chaque pas qu'elle entreprend depuis son enlèvement, deux cerbères l'encadrent de chaque côté de sa personne.

Attendez-moi là, je vous prie. Je rends visite à une amie qui ne me veut aucun mal.

En chœur, les quatre hommes lui répondent sans équivoque aucune.

Non Mademoiselle, les ordres sont stricts : nous devons vous accompagner où que vous alliez !

Léger soupir de désappointement et elle active le heurtoir de la porte d'entrée pour signifier son arrivée.

Victoria a écrit:C'est assez rapidement que la porte est ouverte et, qu'encadrée de ses quatre gardes, elle est introduite dans la demeure de la Duchesse. Elle adresse un sourire discret à la jeune femme venue l'accueillir et se rend compte de sa légèreté à n'avoir pas adressé un petit billet pour prévenir de son intention de visiter Madalena. Ce qui est fait ou plutôt ce qui n'est pas fait est là, il ne lui reste qu'à exposer le but de sa visite.

Bonjour Madame. J'espérais pouvoir passer un moment avec la Duchesse mais il est vrai que j'ai omis de la faire prévenir. En fait, j'ai profité d'un petit temps rien qu'à moi, pour espérer pouvoir la voir, d'où mon manque de politesse.

Il n'est pas utile qu'elle précise que son emploi du temps, tout comme celui de Madalena d'ailleurs avec sa récente nomination, ne lui laisse que peu de ces moments rien que pour elle, surtout avec les préparatifs de son mariage.

Je peux tout à fait remettre à plus tard cette visite. Indiquez à Mademoiselle la Duchesse que Victoria Falcone di Cagliostro souhaitait prendre de ses nouvelles et la féliciter pour sa nomination en qualité de Gouverneur du Berry.

Déjà, les gardes probablement contents de s'éviter ce moment de papotage entre filles, opèrent un demi-tour pour rejoindre le perron.

Victoria a écrit:Un très court instant, elle a songé qu'elle ne pourrait pas rencontrer Madalena et s'en trouve déçue. Bien vite cependant, la jeune femme la rassure et lui propose de faire prévenir la Duchesse. Son argument mettant en avant le fait que celle-ci puisse se détendre un moment, termine de la rassurer. Aussi s'avance t-elle de quelques pas pour signifier son accord.

Si réellement cela ne perturbe pas Mademoiselle la Duchesse et lui permet quelques instants d'échanges amicaux, alors j'accepte volontiers que vous la fassiez prévenir.
Je vous en remercie, Madame.

Sagement, elle patientera, avec l'espoir de pouvoir échanger avec son amie durant un moment. La prochaine fois, elle devra impérativement annoncer son arrivée mais il est vrai que la spontanéité de Victoria reste entière et parfois surprenante. Ainsi est-elle, et ainsi restera-t-elle sans doute.

Victoria a écrit:La douce voix enjouée de son amie la tire de ses songeries et la voit se lever afin d'aller à sa rencontre. Instinctivement, ses deux bras se tendent vers elle afin de pouvoir enlacer ce corps ducal.

Bonjour Madalena, c'est une joie immense que celle de vous voir.
J'espère que vous pardonnerez ma visite surprise et le fait que celle-ci vous ait tiré de vos nombreux dossiers à l'étude.

La jeune fille prend un léger recul afin d'examiner avec bienveillance les traits de son amie.

Comment allez-vous ?

Un baiser délicat vient se poser sur la joue amie.

Victoria a écrit:La frêle et gracieuse jeune Duchesse vient se blottir dans les bras de Victoria. Un court instant, elle ne sait trop que faire, puis avec douceur, ses petites mains et ses bras enserrent avec affection cette jeune femme qui doit avoir retenu bien trop longtemps son chagrin, le poids de ses tourments. Victoria en a les larmes aux yeux et se sent si démunie qu'elle hésite à parler. Les mots sont-ils utiles dans le cas de figure présent ? Les deux jeunes femmes restent ainsi à se rassurer l'une, l'autre, puis avec tout autant de douceur, Victoria se détache-t-elle de son amie en l'entraînant vers un fauteuil.

Tout ira bien, Madalena. Tout va aller, je serais toujours là pour vous. Toujours.

Ce serment, Victoria ne le prononce pas à la légère. D'ailleurs, pour conforter son amie dans le fait qu'elle se doit d'être présente en tout et en toute chose auprès de Victoria, et inversement, elle découvre le petit paquet soigneusement caché jusque là,sous sa cape. Paquet qu'elle pose sur une console près de leurs fauteuils. Avec malice, en regardant Madalena puis le paquet, elle demande en souriant chaleureusement :

Savez-vous ce que ce petit paquet contient, ma douce Amie ?
Et que j'avais grande hâte de partager avec vous ?

Victoria a écrit:La réserve, la grande pudeur de Madalena ont toujours été très largement appréciées par Victoria. Il n'en reste pas moins qu'en sa qualité d'amie, elle refuse à ce que la jeune Duchesse s'enferme dans un mutisme venant renforcer ses tourments. Victoria ne sait pas bien comment s'y prendre pour que Madalena s'épanche davantage. Comment l'aider ? La jeune femme a besoin d'une écoute attentive et rassurante. Ce que Victoria peut lui offrir sans condition aucune, comme la véritable amie qu'elle veut être pour elle.

Le petit paquet intrigue Madalena. L'effet escompté est bien en marche. De nouveau, Victoria sourit.

Séchez vos larmes Madalena.
Promettez-moi de venir à moi chaque fois que vous aurez besoin de vous confier, de trouver une oreille amicale et attentive.

Il ne s'agit nullement d'un marché proposé pour révéler le contenu du paquet mais de renouveler à Madalena sa présence pour toute chose et son amitié indéfectible. Toutes deux ont affronté déjà tant d'évènements heureux ou malheureux. L'exode les ayant rapprochées inconditionnellement.
Victoria se saisit alors du petit paquet, en retire le ruban bleu nuit et pose la jolie boîte devant Madalena.

Normalement, je devrais vous laisser l'ouvrir mais je suis si impatiente de partager avec vous ce que contient cette boite que je ne saurais attendre.

Un joyeux petit rire fuse de la gorge de Victoria tandis qu'elle retire le couvercle de la boîte et qu'elle ôte, délicatement, le papier de soie recouvrant le contenu.

Son regard se porte du coffret présenté à Madalena. Toujours aussi impatiente, elle ouvre le faire-part au flocon de neige en argent reposant sur un velours bleu nuit. Elle en sort le carton d’invitation qu'elle pose à côté du coffret laissant à Madalena le soin d'en prendre connaissance sans rien ajouter d'autre mais avec un sourire tendre et ému.

Victoria a écrit:De nouveau, les voici dans les bras l'une de l'autre et Victoria ne peut cacher sa liesse. Les amies, son amie, n'est-elle pas celle avec qui partager le bon et le moins bon ? C'est du moins ainsi qu'elle voit les choses.
La réaction de Madalena est entière et franche, comme toujours.

Merci de ces bons voeux Madalena, ils me vont droit au cœur.
J'ai beaucoup de chance, je dois dire.

Dans ce mot "chance", Victoria n'y voit que le fait d'aimer et d'être aimée en retour. Elle occulte complètement le statut de son fiancé. Pour elle, Paul est l'homme qu'elle aime de toutes ses forces et il n'y a rien à y voir d'autre.


Il me faut vous demander quelque chose pour que mon bonheur soit complet.

Ses grands yeux fixent son amie avec douceur.

Accepteriez-vous d'être mon témoin à l'occasion de cette union ?
Nous nous marierons à la Cathédrale de Bourges et c'est Sa Sainteté le Pape qui officiera.

Et la voilà à sourire en ajoutant :

Je suis sotte ! Vous venez de le lire sur le carton d'invitation !

Victoria a écrit:Heureuse véritablement que Madalena accède à son souhait, Victoria lui adresse un regard émue.

Alors c'est entendu Madalena, je suis si heureuse de vous savoir à mes côtés dans un moment si important de ma vie.
Un moment unique et mémorable.

Victoria reprend place sur son fauteuil et tente alors de s'intéresser de plus près aux tourments de son amie. Elle n'est pas de celle à jeter l'éponge aussi vite.

Je vous sens soucieuse mon Amie. Soucieuse et tourmentée. Comment puis-je vous soulager ? Que puis-je faire pour vous être agréable et d'un petit secours ou même d'un grand ? Vous savez que tout ce que vous me confierez restera entre vous et moi. Mais... pour vous aider, il me faut savoir ce qui vous tourmente.

Elle se doute que la santé de l'époux de la jeune Duchesse est très certainement au cœur de ses émotions douloureuses.

Victoria a écrit:Peu à peu, Madalena laisse tomber la barrière qui gardait enfermés ses craintes et ses tourments. Victoria écoute sans interrompre la jeune Duchesse inquiète. Il faut avouer qu'au fil de son intervention, l'inquiétude avouée est plus que légitime. A elle d'y apporter quelques réponses qu'elle espère solides et rassurantes. Elle n'a hélas pas, toutes les cartes entre ses mains, mais elle veut croire que tout n'est pas perdu, que demain sera plus brillant et constructif qu'aujourd'hui.

Point par point, elle essaie donc d'apporter des éléments de réponse. Pour ce faire, elle emprisonne avec douceur dans ses mains, celles de Madalena.

Je vais me renseigner en Italie auprès de Monsieur mon Père, pour qu'il vous délègue deux médicastres fort reconnus en Europe. Ils font des miracles parait-il, et je veux que votre époux puisse recevoir leurs soins. J'écrirais à Père dès mon retour au Domaine Daphné afin qu'il les fasse venir au chevet de votre époux.

S'agissant de votre parrain le Prince Aimelin et de sa famille je vais demander à ce que soit affiché dans tout le Royaume un parchemin notifiant qu'ils sont activement recherchés et que toute information les concernant devra être transmise sans délai au Palais Jacques-Coeur. Sans doute faudrait-il étendre cette demande dans toute l'Europe ? Qui sait. Je vais organiser une réunion avec vous et les personnes en charge de la sécurité du Royaume afin que nous puissions être réactifs rapidement. Cette attente infernale n'a que trop duré.

Des fous furieux, des monstres, il y en a toujours eu Madalena mais cette expérience malheureuse d'une séquestration de trois jeunes filles, a fait pointer du doigt le fait qu'une sécurité accrue s'avérait nécessaire. Je ne peux encore rien révéler mais le Régent travaille actuellement sur une réorganisation de celle-ci avec à sa tête un homme compétent et pugnace.
Et comme vous le voyez, pour ce qui me concerne personnellement, j'ai à présent quatre cerbères qui ne me lâchent pas d'une semelle.

Son regard pointe discrètement vers les quatre hommes rangés en file indienne devant la porte.

Le Régent s'est montré intransigeant quant à mes déplacements, de quelque nature qu'ils soient.
Il ne faut donc plus craindre quoi que ce soit pour moi, Madalena.

Victoria taira, bien évidemment, ses nuits encore agitées où elle se réveille en larmes de peur de se retrouver une nouvelle fois séquestrée. Ses poignets, ses chevilles, en gardent encore la trace et ce, malgré le baume cicatrisant du Docteur de Lhavilland.

Si le Régent vous a nommée en qualité de Haut Commissaire, c'est que cela fut voté à l'unanimité au Conseil d’État. Ce qui signifie que les Membres de ce Conseil ont toute confiance en vous et en votre grande capacité de travail qui n'est plus à démontrer. Votre charge à l'urbanisme du Berry en est le parfait exemple. Alors, je vous demande de ne plus douter de vous et de vos grandes compétences. Je vous connais depuis suffisamment longtemps pour savoir que vous n'êtes pas de la race de ceux qui abandonnent sans s'être battus corps et âme pour obtenir ce que souhaité. Votre peuple et le Berry : sont entre de bonnes mains.

Elle ne peut encore annoncer qu'elle sera bientôt nommée Premier Ministre, Paul n'ayant pas lancé l'annonce mais ce qui est certain c'est qu'une fois fait, Victoria compte bien faire bouger les choses, du moins, essayer, avec force et conviction à l'aide des équipes en place en qui elle a toute confiance.

S'agissant des finances du Berry, il y a très certainement des solutions à trouver, des essais à mettre en œuvre pour qu'elles deviennent plus florissantes et pérennes. Je veux y croire. Là encore, il ne faut pas baisser les bras. Si nous réussissons à redonner de l'essor à l'économie générale du Berry alors sans doute le reste suivra-t-il, les âmes de bonne volonté voudront-elles de nouveau s'investir. Avec cet exode forcé, ce brassage de populations, le Berry a été profondément modifié dans sa façon de fonctionner, il faut du temps pour lui redonner belle figure.

Qu'en pensez-vous, Madalena ?